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mercredi 16 décembre 2009

Des mamies anti-blues


Des mamies anti-blues
Elles ont entre 63 et 90 ans et elles refusent de vieillir assistées Pour elles, pas question d’aller croupir dans des maisons de retraites infantilisantes. Pour y échapper, elles ont du remonter leurs manches sur leur bras bien ridés et elles ont conçu en Dordogne un lieu alternatif et écologique, où elles vont s’organiser pour vieillir dans l’amitié et l’autonomie. Elles veulent pouvoir y faire leur qi gong tranquillement le matin, cultiver leur jardin bio, et papoter comme elles veulent le soir avec leurs copines. Le petit groupe d’irréductibles a tenu son assemblée générale il n’y a pas longtemps. A Saint Julien-de-Lampon, sur la départementale 61…

Elles étaient là, une dizaine, derrière la longue table qui faisait office de tribune, belles et vieilles, rayonnantes de cet éclat qui semble les habiter. En face, l'assemblée, bruissante, animée, d'une soixantaine de personnes (dans un village de moins de 600 habitants), femmes et hommes d'âge mûr bien sûr, mais aussi des « encore jeunes », comme Monsieur le Maire qui, de quelques mots, leur souhaita la bienvenue.

Cécile, 71 ans, la présidente de l'association Lo Paratge, prend alors la parole. De quoi s'agit-il ? De construire une maison, enfin un lieu, un lieu de vie pour des personnes d'un certain âge - comme on dit - pour qu'elles puissent y vivre ensemble aussi longtemps que possible sans être un poids pour leurs enfants et chassant aussi la perspective hallucinante (pour elles) de la « maison de retraite ». Un lieu caractérisé par une charte que Cécile résume en quelques points : autogestion, solidarité, citoyenneté, écologie, égalité.

Un petit mot sur l’origine du nom de leur projet : « Lo Paratge » qui en occitan, signifie égalité, ou peut-être même vie commune égalitaire. Au 12e siècle, dans le pays des Troubadours, celui qui, noble ou roturier, adhérait à l'esprit de jeunesse et aux disciplines de l'Amour, avait accès à la confraternité du PARATGE. C’était la contribution occitane à l'universalisme moral : si la CITOYENNETE est d'origine politique, la PARATGE est d'origine culturelle ; les 2 faces du concept d'égalité. La citoyenneté est un principe, la « paratge » un art : aristocratie de tout être capable d'amour et digne d'être aimé. Chantés par les troubadours, les valeurs de cette civilisation étaient calquées sur celles de la chevalerie. Il existait une seule classe d'hommes, tous égaux dans différentes sphères, qui pouvaient s' y élever par la bravoure, les mérites ou les vertus.

Mais qu’est ce que leur projet et que sera ce lieu ? Tout d’abord, l’acquisition d’un terrain de 2,6 hectares dans le village de Saint Julien, en Dordogne. Et dessus une maison écologique à construire, sous la maîtrise de l'association (qui choisira son architecte) : plusieurs appartements de 50 mètres carrés et des parties communes, buanderie, salles de réunion, atelier, bibliothèque, potager… Pour s’inscrire dans une démarche de développement durable, le groupe souhaite construire en respectant les principes de la Haute Qualité Environnementale : intégration paysagère, choix des matériaux, performances énergétiques (maîtrise des consommations, bonne isolation, énergies renouvelables), économie d'eau (équipements économes, récupération d’eau de pluie…), tri sélectif des déchets, confort thermique et acoustique… Coté financement, il serait trop long d'entrer dans les détails. Simplement, du Conseil Régional à la Fondation de France, de nombreux organismes sont sollicités et, semble-t-il, intéressés. En résumé, pour ce qui concerne les futurs habitants, chacun fera l'acquisition au minimum d'une « part sociale » de 10 000 euros. On peut acquérir plusieurs parts, mais, cela ne donne strictement aucun pouvoir supplémentaire. Autrement dit : une personne, une voix, ou mieux encore : « De chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins ». Enfin, le loyer des appartements s'élèvera à 300 euros. Donc autogestion, égalité, entraide et solidarité, pas de « personnel soignant » mais, quand frappe la maladie, et quand il n'y a rien d'autre à faire, l'accompagnement à l'hôpital, puisqu'il le faut… Mais pour l'instant : vivre ! C'est-à-dire s'engager et partager, militer, car c'est bien d'un acte militant qu'il s'agit, de militantes de la vie qu'aucun décret social intimant à la retraite - insupportable vocabulaire - ne saurait contrarier. Vivre, disent-elles, et faire vivre ce projet en le vivant. Ce projet qui n'est rien d'autre que l'esquisse d'un autre projet, celui d'une autre société possible. Et à venir.

Texte : d'après un article de Nestor Romero Illustration : L’association Lo Paratge tient son Assemblée Générale, photo de Claude Debéda 
Les liens : http://www.loparatge.org/
http://www.lamaisondesbabayagas.fr/ http://graines-de-soleil.blogspot.com/2009/04/blog-post.html

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