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samedi 25 juin 2011

Silence papillon...

Vigie Nature lance un appel à témoins pour comprendre le comportement des papillons

BIODIVERSITE - Pour comprendre les effets de la sécheresse sur les papillons, le grand public est appelé à envoyer des photos...

Sortez les objectifs, Vigie Nature a besoin de tout le monde pour comprendre comment le climat de ce printemps a influencé la vie des papillons. La sécheresse a provoqué une situation contrastée pour les papillons: plus rares dans les milieux secs mais plus nombreux dans les forêts, le nombre d’espèces observées serait également plus importante que les années précédentes.

Une année exceptionnelle pour les papillons

L’année 2011 s’annonce «exceptionnelle» pour les papillons, expliquent le Muséum national d’histoire naturelle et l’association Noé conservation: «Il est possible que la sécheresse ait un impact négatif, en particulier parce que les plantes nourricières des chenilles seraient moins abondantes. Par ailleurs, plusieurs espèces du début d’été ont déjà éclos alors que subsistent encore de nombreuses espèces printanières expliquant ainsi la diversité des papillons observés. D’autres espèces présumées disparues de certaines régions ont même été découvertes comme le demi-argus en Ile-de-France, et des espèces peu communes sont observées plus fréquemment que les autres années à l’instar de l’azuré des cytises.»
Autant de particularités qui méritent d’être observées de près. Pour cela, les chercheurs appellent chacun à prendre son appareil photo pour tirer le portrait des papillons de son jardin ou de sa région. Pour participer, il suffit de s’inscrire sur www.noeconservation.org ou vigienature.mnhn.fr, et d’ouvrir l’œil pendant les ballades en forêt...

jeudi 23 juin 2011

La mer-poubelle

La Méditerranée est en danger

ENVIRONNEMENT - Déchets plastiques et résidus chimiques menacent la mer Méditerranée, alerte le sénateur de l'Aude Roland Courteau...

La Méditerranée, une nouvelle mer morte? Le sénateur de l’Aude, Roland Courteau, le craint : dans un rapport de l’Office parlementaire des choix scientifiques et techniques (OPECST), il met en garde contre les pollutions qui menacent la vie aquatique. Plastiques qui se décomposent et infiltrent la chaine alimentaire, résidus de crèmes solaires ou de médicaments, dégazages… La Méditerranée est sous une pression environnementale forte, renforcée par sa situation de mer fermée.

Plastiques, cosmétiques, métaux lourds et hydrocarbures…

«La Méditerranée est dans une situation préoccupante. Si l’on veut continuer à voir “danser la mer le long des golfes clairs”, la communauté internationale doit réagir», a déclaré Roland Courteau, qui présentait mercredi le rapport parlementaire sur la pollution en Méditerranée. L’absence de retraitement des eaux usées sur la rive sud de la mer a favorisé la prolifération des phosphates et des nitrates. Sur la rive nord, ce sont des pollutions aux métaux lourds, apportés par les fleuves comme le Rhône, le Pô ou l’Ebre, qui menacent la flore et la faune sous-marine.
Tout aussi inquiétantes, les pollutions aux plastiques et aux molécules pharmaceutiques préoccupent le sénateur: «On a pêché au large de Sète des poissons dont l'estomac était tapissé de petits bouts de plastique. On ne sait pas assez qu'en Méditerranée on trouve en moyenne 60 divers objets en plastique au km2» explique-t-il. Dans une mer fermée dont l’eau met un siècle à se renouveler, les pollutions chimiques ont un effet dévastateur sur la vie aquatique: «Il est essentiel d'amplifier les recherches sur la façon dont les stations d'épuration filtrent, ou non, ces pollutions selon les molécules concernées», déclare Roland Courteau. Et bien sûr, mieux contrôler les dégazages sauvages en pleine mer, responsables d’une pollution aux hydrocarbures qui peuvent entraîner des fermetures de plages, comme ce fut récemment le cas à La Ciotat.

Plus d’aires marines protégées

Le rapport insiste également sur la nécessité de créer des aires marines protégées.  Le sénateur de l’Aude espère faire de sa région un exemple: «J'ai bon espoir de voir prochainement aboutir en Languedoc-Roussillon, sur 4000 km2 entre Leucate et Port Cerbère, un parc naturel marin de la Cote Vermeille qui s'ajoutera à celui de Porquerolles. Il s'agit de faire en sorte que la Méditerranée reste un point fort de la biodiversité planétaire».

mardi 21 juin 2011

Changeons notre regard...

Matthieu Ricard: Changeons notre regard


INTERVIEW - La crise remet en question nos réflexes, nos habitudes, notre rapport à l'argent. Le moine bouddhiste Matthieu Ricard, photographe et traducteur du dalaï-lama, qui vit dans le monastère de Shéchèn, au Népal, analyse les leçons que nous pouvons en tirer. Propos recueillis par Michel Pascal, auteur du livre Notre crise est une chance - l'éthique de l'argent...

Michel Pascal: Cette crise est-elle une chance?
Matthieu Ricard
: En tout cas, c’est une opportunité! Non pour revenir le plus vite possible au système d’avant, qui est fondamentalement dysfonctionnel. Mais plutôt pour changer nos priorités, notre façon d’aborder la vie et les questions financières. Gandhi a dit: «Il y  suffisamment pour les besoins de tous, mais pas assez pour l’avidité de tous.» Tout vient du Produit Intérieur Brut (PIB) qui a été instauré en 1930, suite à la crise de 1929, pour stabiliser le chômage. Au début, la civilisation industrielle, scientifique, technologique avait pour but d’améliorer la qualité de l’existence. L’espérance de vie est passée de 40 à 80 ans, on a eu accès plus facilement à l’éducation, etc. Mais, dans les années 1930, le PIB s’est mis à indiquer la prospérité générale d’une nation, y compris la satisfaction de vie, ce qui n’avait aucun sens. Maintenant, quand ce genre d’indicateur baisse, tout le monde panique car on considère cela comme un échec.
M. P.: Mais le bien-être est capital!
M. R.:
Justement. Il suffirait de garder l’idée que tout ce que nous faisons vise au mieux-être de chacun. Les gouvernements doivent investir dans le bien-être. Si, pour améliorer cette qualité de vie, il fallait sacrifier un peu du Produit National Brut (PNB) et autres critères purement économiques, on ne percevrait pas cela comme un échec. Au lieu de s’intéresser aux taux d’inflation dans l’Union européenne, on pourrait parler, par exemple, d’écart à ne pas dépasser entre les riches et les pauvres ou d’égalité entre les hommes et les femmes au travail. Cela serait beaucoup plus sain! On a vu ce qu’a donné la course au profit! Si on réfléchit aux solutions possibles, on s’aperçoit que le seul et unique facteur qui fait le lien est l’altruisme.
M. P.: C’est-à-dire?
M. R.:
Il faut faire le lien entre les échelles de temps différentes. Or l’économie en possède une très brève. L’altruisme éviterait que l’on ne récolte les économies de Monsieur Tout-le-Monde, et que l’on ne s’en serve comme au casino! À moyen terme, l’altruisme améliore la qualité de vie. Et se répercute sur des générations, une famille, un travail. L’altruisme au travail éviterait cette précipitation de l’économie qui induit une baisse de la qualité de vie. Une entreprise ne peut pas faire des bénéfices sans humanité! D’ailleurs, les salariés qui se sentent mieux dans leur entreprise sont plus motivés. L’altruisme prend aussi en compte les générations futures en pensant à leur bien-être. Sans cette attention aux autres, les gens ont l’impression qu’ils sacrifient leur vie au seul profit de leur entreprise! La crise nous permet de nous rendre compte que nous sommes sans cesse obsédés par le court terme.
M. P.: Peut-on imaginer une notion de profit altruiste?
M. R. :
Des statistiques de l’université des Nations unies ont montré qu’un quart de la richesse mondiale est dans les mains de 1 % de la population. Que fait-on du surplus d’argent? On l’investit souvent dans des choses inutiles pour la société. Dans les années 1970, quand j’étais en Inde, je vivais très bien avec 30 euros par mois! Aujourd’hui, je reverse 100% de mes droits d’auteur car je n’en ai pas besoin. Vouloir toujours plus ne fonctionne pas. Le dalaï-lama a dit que «Même si on avait le monde entier entre nos mains, on ne serait pas satisfait».
M. P.: Donc, toute la question, c’est de changer notre rapport à l’argent.
M. R.:
Oui, et dans l’idéal de changer complètement! On ne peut pas transformer uniquement notre rapport à l’argent. Le bonheur véritable se trouve dans les qualités humaines, telles que l’altruisme, la sérénité intérieure, la liberté intérieure, la compassion. Sans cela, on peut vivre dans un petit paradis en étant déprimé et, à l’inverse, être satisfait même si les conditions extérieures ont l’air déplaisantes.
M. P.: On est un chef d’entreprise face à un plan social, on est au chômage, notre carte bleue est bloquée. Quelle attitude adopter?
M. R.:
Évidemment, il existe des cas tragiques et pas de solutions miracles, car nous vivons dans un système qui provoque ces drames. C’est peu à peu qu’il faut changer de cap, repenser la manière dont nous fonctionnons sur le court terme, revoir nos priorités. Les études du psychologue américain Tim Kasser, qui ont porté sur plusieurs dizaines de milliers de personnes durant vingt ans, ont montré que les gros consommateurs sont, en moyenne, moins heureux que les autres, ont moins d’amis et sont moins concernés par les questions globales, celle de l’environnement en particulier. La «simplicité volontaire» serait donc la meilleure solution. Cette crise ne semble pas avoir suffi à faire changer les mentalités, mais les signaux d’alarme continuent de se multiplier.

vendredi 10 juin 2011

Les lobbies industriels tuent la Démocratie...

Gaz de schiste: le Sénat adopte le texte

ENERGIE - Le texte adopté jeudi soir par les sénateurs projette d'interdire la technique de la fracturation hydraulique, alors qu'il prévoyait à l'origine l'interdiction pure et simple de l'exploitation de ces hydrocarbures...

Le Sénat a adopté jeudi soir la proposition de loi UMP interdisant la technique de la fracturation hydraulique sur les gaz de schiste à l'issue d'un débat qui a tourné en monologue de l'opposition accusant une majorité peu diserte de «vouloir gagner du temps».
La discussion au Sénat de ce texte déjà adopté par l'Assemblée n'avait pu être achevée la semaine dernière, le nombre de sénateurs UMP étant insuffisant en séance. Le vote a été acquis par 167 voix contre 152, seule la majorité l'approuvant. L'antagonisme entre droite et gauche est désormais d'autant plus installé sur les gaz de schiste après la publication mercredi du rapport de la mission d'information parlementaire lancée en mars et dont les deux rapporteurs, Philippe Martin (PS) et François-Michel Gonnot (UMP) aboutissent à des conclusions radicalement opposées. Cette mission, a été lancée en mars, à la suite d'une fronde des élus locaux et écologistes ulcérés par l'octroi en catimini de permis d'exploration de gaz de schiste en mars 2010 dans le sud de la France.
L'opposition souhaite l'interdiction pure et simple de l'exploration et l'exploitation des gaz et huiles de schiste au nom de la préservation environnementale des sous-sols, tandis que la majorité souhaite ne pas fermer définitivement la porte à ces hydrocarbures non-conventionnels. La gauche demande l'annulation de tous les permis exclusifs et demande une réforme du code minier.
La proposition de loi du député UMP Christian Jacob prévoyait à l'origine l'interdiction de l'exploration de ces hydrocarbures non conventionnels mais elle a été amendée en première lecture à l'Assemblée et ne propose plus que d'interdire la technique de la facturation hydraulique jugée hautement polluante. Les titulaires des permis auront deux mois pour déclarer la technique utilisée et c'est seulement s'ils recourent à la fracturation hydraulique, ou s'ils ne répondent pas, que les permis seront abrogés. La majorité sénatoriale a amendé le texte en rendant cette technique possible mais «à des fins scientifiques».

Texte inscrit en urgence

«L'interdiction de cette seule technique laisse toute latitude à la mise en oeuvre d'une autre méthode toute aussi dévastatrice (...) il faut abroger tous les permis», a critiqué l'écologiste Jean Desessard (EELV). «Les industriels qui ont les permis pourront les garder» s'est indignée Nicole Bricq (PS). «Le gouvernement a la volonté de faire baisser la mobilisation», a soutenu Didier Guillaume (PS). «Pourquoi ne pas marquer une pause et d'abord réformer le code minier pour y voir plus clair dans ce qui devient de plus en plus illisible», a plaidé Jacques Mirassou (PS).
«Réformer le code minier ne changerait rien pour le passé et donc ne règlerait pas le problème, c'est de l'argumentaire politique» a répondu Benoist Apparu (Logement) représentant le gouvernement en l'absence de la ministre de l'Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet. «Vos positions sont trop radicales, le problème de la dépendance énergétique est un problème fondamental, il ne faut pas nous brider et nous ôter toute possibilité», a lancé Philippe Dallier, un des rares intervenants de droite. «Ceux qui prétendent qu'avec ce texte on ne leur donne pas de sécurité, trompent les citoyens», a aussi soutenu Jacques Blanc (UMP).
Le texte étant inscrit en urgence (une lecture par assemblée), une commission mixte paritaire (CMP, 7 sénateurs, 7 députés) va maintenant être chargée d'élaborer une version commune aux deux assemblées, version qui reviendra devant le Parlement pour un vote définitif.

jeudi 9 juin 2011

Le machisme en politique, ici comme ailleur

Machisme en politique : les élues lyonnaises témoignent

Par Fabien Fournier (avec LL et SB)

femmes ()
Blagues grivoises, compliments orientés, doutes sur leur capacité ou volonté de les rabaisser émaillent la carrière de nos femmes politiques. Morceaux choisis.
Les machos ont connu leur heure de gloire. Un moment politique magique pour eux où leur parole s'est libérée : "Va faire la vaisselle", "après la putain de la République, la putain de la Région", ou" Geffroy salope". Le 8 et le 9 janvier 1999, pleuvent des phrases assassines sur les quatre femmes qui ont renversé le président sortant, Charles Millon, coupable d'une alliance avec le FN : Marie-Thérèse Geffroy, Florence Kuntz, Fabienne Lévy et Anne-Marie Comparini. Celle-ci l'emporte finalement, soutenue par le PS et notamment quelques femmes telles Annie Guillemot ou Christiane Demontès qui font barrage pour l'aider à monter à la tribune. Mais les machistes se rappelleront à elle quand, défaite par Michel Havard aux législatives de 2007, elle est traitée de "salope" par Patrick Devedjian.
Lévy ()
© Tim Douet
Autre temps, mêmes moeurs. Après le présumé viol de DSK, c'est Georges Tron, ex-secrétaire d'Etat à la Fonction publique, qui est accusé par deux fonctionnaires qui se disent victimes de harcèlement sexuel par l'élu UMP. Et voilà que Luc Ferry révèle une affaire de pédophilie, couverte par les autorités de l'époque. Un doute nous saisit : la politique est-elle cette sphère opaque où tout est possible, comportements machistes, agressions sexuelles et domination du sexe fort ? "La politique est particulièrement machiste parce que c'est un monde où il y a particulièrement peu de femmes. Ils nous prennent parfois pour leur secrétaire", accuse Fabienne Lévy (photo ci-contre), conseillère régionale (Parti Radical). Pour Nora Berra, secrétaire d'Etat à la Santé (UMP), cette attitude discriminatoire est "liée au pouvoir".
Nous avons interrogé une vingtaine d'élues de l'agglomération lyonnaise pour savoir si elles ont été victimes de ces excès de virilité. Certaines, en particulier les plus jeunes, nous ont rassurés. "Je souffre plus d'être jeune que femme", observe Sarah Peillon, conseillère régionale (PS). Selon elle, qui a travaillé à la chambre de commerce et d'industrie, les comportements machistes sont plus fréquents dans le monde économique.
Conseillère générale PS, Sandrine Runel est en "désaccord avec cette polémique". "Toute le monde se lâche et certaines de façon abusive. C'est la vengeance des femmes", décrypte-t-elle. Elle a reçu des observations sur son look, comme "t'es bien jolie aujourd'hui" ou "t'as de jolies jambes". "C'était des remarques, jamais des avances". Elle souligne en revanche avoir essuyé d'authentiques commentaires machistes… par des femmes, plus âgées qu'elle. "Si Collomb t'a choisie, c'est parce qu'il a besoin d'une minette", lui a lancé l'une d'elle, jalouse.  
picard ()
Sont-elles capables ? 
“Tu ne seras pas capable de résister“
Maire de Vénissieux (PCF), Michèle Picard (photo ci-contre) se souvient de la campagne des législatives de 2002 où elle est suppléante d'André Gerin. "Vous êtes sa secrétaire ?", lui demande un électeur. Elle observe aussi amusée le regard interloqué des enfants lorsque le maire leur est présenté.
"Quand je suis devenue députée européenne, la première question qu'on m'a posée c'était 'est-ce que tu penses avoir la carrure pour ce poste, et est-ce que tu parles plusieurs langues ?'. Chose qu'on n'a jamais demandé à mes collègues masculins. C'était l'un des pires moments de ma carrière", confie Martine Roure, conseillère municipale de Lyon (PS). Pour douter de ses capacités à exercer le pouvoir, on a reproché à Hélène Geoffroy "d'être trop douce, tranquille". Elle n'a "pas assez de poigne", disent-ils. Ils ajoutent : “tu ne seras pas capable de résister“.
Pas le droit à la parole
"Vous n'avez rien à dire"
A défaut d'avoir suffisamment de responsabilité, elles ont, croit-on, le pouvoir de la parole. Même pas : "Une femme ne prend pas facilement la parole et ils le sentent", glisse Fabienne Lévy. Ces messieurs ne se pressent pas pour leur tendre le micro.
berra ()
Quand elles parlent, ces dames ne sont pas toujours écoutées. Florence Perrin, conseillère régionale (PS), se souvient de interventions en tant que vice-présidente en charge de l'Enfance des Vallons du Lyonnais. Les élus reculent leurs chaises, se détendent. C'est presque une récréation. Ces comportements ne sont pas seulement le fait d'élus de villages. Alors que Nora Berra (photo ci-dessus) s'exprimait au Sénat, elle a été haranguée par un parlementaire socialiste qui s'est écrié : "mais taisez-vous, vous n'avez rien à dire" . "Je lui ai laissé la possibilité de faire ses excuses sur le moment ou plus tard. Il l'a fait tout de suite", raconte-t-elle.
Conseillère communautaire (Europe Ecologie-Les Verts), Pascale Bonniel-Chalier relève que si les femmes sont souvent interrompues, c'est parce qu'elles cumulent moins de mandats. "Leur parole est moins qualifiée car elles ne sont pas en position de pouvoir", analyse-t-elle. Par comparaison, ses collègues masculins sont plus entendus car ils sont déjà maires, vice-présidents ou députés.
balas ()
© Florence Balas
Des compliments sur leur physique
"Tu as de jolies jambes"
Conseillère municipale (UMP), Laurence Balas (photo ci-contre) relève l'attitude particulière du maire de Lyon en conseil municipal. Gérard Collomb se montre condescendant voire méprisant à l'égard de ses opposants. Il traite ses opposantes à l'avenant, y ajoutant une pointe de donjuanisme. "Si vous étiez venue dans mon bureau, je vous aurais expliqué", taquine-t-il, en réponse à une question. Il n'a jamais fait pareille offre à Michel Havard ou Patrick Huguet (UMP). "Je le prends sur le ton de la rigolade, mais d'autres s'en énervent", relate l'intéressée.
bouzerda ()
Ces dames sont habituées aux compliments sur leur tenue ou leur physique. Faut-il nécessairement y voir du sexisme ? Ne leur arrivent-elles pas de féliciter ces hommes pour leur bonne mine, leur régime ou leur costume ? Fabienne Lévy a plutôt rigolé quand un élu socialiste à la Région lui a lâché : "comment peut-on être aussi sexy et aussi dure en affaire ?". On la soupçonne d'en avoir été flattée. Idem pour Fouziya Bouzerda (photo ci-contre), conseillère municipale (centriste) qui a reçu plusieurs invitations à dîner ou à prendre un verre. Mais à force d'insistance, ce type de propositions lasse. "Quand c'est récurrent, on occulte le contenu et on se cristallise sur le contenant", proteste cette élue qui ne manque de rappeler qu'elle a mari et enfants. Martine Roure (PS) a arrêté de mettre des jupes. Elle en avait marre des remarques en dessous de la ceinture. Florence Perrin se rappelle d'un comité syndical du schéma de cohérence territoriale, en 2002. Elles sont deux femmes parmi une trentaine d'hommes. La jeune élue a le malheur d'être en jupe. Des sifflets traversent la pièce à son arrivée.
Ces petits compliments sont-ils toujours amicaux et désintéressés ? Vice-présidente à la Région, Farida Boudaoud reconnaît avoir été draguée par des élus. "On est obligatoirement sollicitée", souffle la députée Pascale Crozon (PS), évasive. Il y a quelques mois, elle a surpris deux députés se retournant au passage d'une "belle femme mûre", députée elle-aussi. "Elle est encore baisable", avait philosophé l'un d'eux. Ils n'avaient pas réalisé que se tenait près d'eux l'une des parlementaires les plus actives en matière de droits des femmes. "On est tellement peu nombreuses qu'on a l'impression d'être transparentes".
Des blagues graveleuses
"Il n'y a pas que les boules qui vous intéressent ?"
Conseillère régionale (PS), Sheila Mc Carron ne parvient même plus à les compter, les blagues misogynes. Nathalie Perrin-Gilbert nous confie une histoire, survenue en 1997. Elle participe à une commission de sport où elle présente un projet de soutien à une association de boulistes. Le président, un centriste au comique troupier, l'interrompt. "Rassurez-moi, il n'y a pas que les boules qui vous intéressent ?". Un ange passe.
perrin-Gilbert ()
© Tim Douet
Elles couchent pour réussir
"Le père, c'est Buna ou Collomb ?"
Pour Florence Perrin, le summum du machisme a été atteint en 2001. Un élu lui demande si elle a couché pour réussir. "Depuis, j'ai pris des responsabilités et on ne me pose plus directement la question. Mais on l'insinue à mon mari", raconte cette élue de Thurins. Au moment de son élection, Anne-Marie Comparini avait aussi essuyé ce type de sarcasme : "la bise à Queyranne" ou "madame Barre bis". Quand la maire du 1er arrondissement (PS) Nathalie Perrin-Gilbert (photo ci-contre) tombe enceinte de son premier enfant, un élu lui demande : "Le père, c'est Buna ou Collomb ?". Il ne viendrait plus à personne l'idée de lui poser la question, tant elle s'est depuis opposée à eux deux.
Les femmes à la maison
"Qui s'occupe des enfants ?"
geoffroy ()
© Tim Douet
La question éducative est une obsession des élus masculins. Mais pourquoi diable s'enquièrent-ils autant du sort des progénitures de leurs collègues ? "C'est une question qu'on ne pose jamais aux hommes", relève Hélène Geoffroy (photo ci-dessus), conseillère générale (PS). "Des collègues masculins m'ont souvent dit : 'tu ne comprends rien, il faudrait mieux que tu t'occupes de tes enfants'", rapporte-t-elle. Cette phrase Florence Perrin l'a aussi entendue à maintes reprises. "Si ton fils se balade un peu trop dans la rue, c'est parce que sa mère fait de la politique".
Une variante : "qui s'occupe de ton conjoint ?". Lors d'une campagne sur les marchés, un homme a interrogé Sheila Mc Carron : « pourquoi n'êtes vous pas chez vous à faire à manger pour l'homme ? ». "Quand j'ai débuté, au conseil général en 2004, des élus hommes avaient demandé aux femmes de “rentrer dans leurs foyers“. Il s'en est suivi une révolte où mes collègues femmes sont revenues avec du tissu et des tricots pour souligner l'absurdité des propos", relate Hélène Geoffroy.

mardi 7 juin 2011

La France seule pronucléaire ?

L'Allemagne adopte le projet de loi d'abandon du nucléaire

NUCLEAIRE - L'Allemagne sera le premier grand pays industrialisé à sortir du nucléaire d'ici à 2022...

La décision historique d’Angela Merkel a été confirmée lundi par le gouvernement allemand, qui a adopté le projet de loi faisant de l'Allemagne la première grande puissance économique du monde à tourner le dos au nucléaire, a annoncé le ministre de l'Economie, Philipp Rösler. Toutes les centrales nucléaires allemandes s'éteindront «d'ici à 2022», a-t-il dit lors d'une conférence de presse.

Eoliennes en mer et centrales au gaz et au charbon pour compenser

L'équipe d'Angela Merkel a défini lors d'un conseil des ministres extraordinaire la stratégie qui doit permettre au pays de relever ce défi sans précédent, et dont le principe avait déjà été validé il y a une semaine par les partis composant la coalition au pouvoir. Tandis que huit des 17 réacteurs du pays sont mis à l'arrêt immédiatement, les neuf autres vont s'éteindre progressivement entre 2015 et 2022, privant l'Allemagne d'une énergie qui pèse 22% de sa production d'électricité brute. Pour compenser, le gouvernement allemand veut miser en particulier sur la construction d'éoliennes en mer, accélérer les chantiers de centrales au gaz ou au charbon, et promouvoir les économies d'énergie.
Berlin se garde jusqu'ici de chiffrer le coût de cet abandon de l'énergie nucléaire, qui selon les experts pourrait se situer entre 90 et 200 milliards d'euros, à répartir entre le contribuable, les consommateurs d'électricité et les producteurs d'énergie. En abandonnant l'énergie nucléaire, quitte à prendre à court terme des risques pour la compétitivité de ses industriels, l'Allemagne espère faire école et trouver à moyen terme des débouchés pour ses technologies «vertes.» Mais paradoxalement, cette décision pourrait mettre en danger les objectifs de réduction de gaz à effet de serre du pays en l'obligeant à recourir à des centrales électriques plus polluantes.

lundi 6 juin 2011

La fin du nucléaire...

62% des Français souhaitent un arrêt progressif du nucléaire

ENQUÊTE - Selon un sondage, ils souhaitent un arrêt progressif «sur 25 ou 30 ans»...

Plus de six Français sur dix (62%) souhaitent un arrêt progressif «sur 25 ou 30 ans» du programme nucléaire national et de ses centrales, selon un sondage publié dans le Journal du dimanche. Selon cette enquête de l'Ifop réalisée après la décision de l'Allemagne d'abandonner l'énergie nucléaire dès 2022, 15% se prononcent pour un arrêt rapide du programme nucléaire français et 22% sont au contraire favorables à sa poursuite et à la construction de nouvelles centrales. 1% ne se prononce pas.
Une majorité de 55% ne ressent cependant pas d'inquiétude à l'égard des centrales nucléaires françaises, contre 45% qui se disent inquiets. La décision allemande de quitter le nucléaire a relancé le débat en France, où le gouvernement s'oppose à cette mesure, face à des socialistes divisés et sous pression de leurs partenaires écologistes, qui font d'un adieu à l'atome le préalable à tout accord électoral.
La France compte le deuxième parc nucléaire civil au monde avec 58 réacteurs, produisant quelque 73% de l'électricité du pays. Depuis la catastrophe nucléaire de Fukushima en mars, les antinucléaires ont réclamé la sortie du nucléaire, mais le président Nicolas Sarkozy a défendu à plusieurs reprises ce choix, estimant que le débat ne concerne que la seule sécurité de cette filière, vitrine du savoir-faire industriel français.

samedi 4 juin 2011

La fin des forêts ?

La forêt en chiffres et en cartes

EVENEMENT - A l'occasion de la Journée mondiale de l'environnement, le 5 juin, voici un point sur les forêts, en France et dans le monde...

La Journée mondiale de l’environnement sera l’occasion de penser aux forêts, auxquelles les Nations unies ont dédié l’année 2011. Ces écosystèmes menacés par l’urbanisation, l’agriculture et la surexploitation sont vitaux pour l’homme: les forêts captent le CO2, abritent une grande partie des espèces animales terrestres et leur bois fournit de l’énergie à des milliards de personnes sur terre.

La forêt française en chiffres

Selon l’Office national des forêts, 28% du territoire de métropole, soit 15,71 millions d’hectares, est couvert par les forêts, dont un quart sont publiques. Les départements les plus boisés sont le Var et les Landes, dont plus de 60% de la superficie est recouverte par la forêt. Plus de 140 essences d’arbres peuplent les forêts françaises, mais parmi elles le chêne et le hêtre se taillent la part du lion: les différentes sortes de chênes représentent à elles seules plus de 35% du couvert forestier.
Chaque année, ce sont 100 millions de mètres cubes de bois qui sont produits par la forêt française, dont 60% sont récoltés pour être utilisés comme matériau de construction ou pour produire de l’énergie. L’équivalent de 9,5 millions de tonnes d’équivalent pétrole, soit 3,5% des besoins français en énergie, sont couverts par la forêt.

Panorama de la forêt dans le monde

Quatre milliards d’hectares, soit 30% des terres émergées, sont recouvertes par la forêt dans le monde, selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Les trois pays les plus boisés sont la Russie, le Brésil et le Canada. Si on leur ajoute les Etats-Unis et la Chine, c’est plus de la moitié de la forêt mondiale qui est réunie dans ces cinq pays.


La forêt tropicale représente 52% des forêts du monde, suivie par la forêt boréale et polaire, dans l’hémisphère Nord, qui représente 25% de la superficie forestière mondiale. Seuls 36% des forêts sont restés primaires, c’est-à-dire composés d’espèces indigènes et sans trace d’activité humaine. Chaque année, 6 millions d’hectares de forêt primaire disparaissent, à cause de la déforestation ou de l’implantation d’activités humaines.


La déforestation a fait perdre chaque année, entre 2000 et 2005, 7,3 millions d’hectares de forêts. Si la perte nette se ralentit, notamment grâce à des efforts de préservation des forêts, certains continents ont connu un recul important de leur couvert forestier: moins 19% pour l’Amérique centrale entre 1990 et 2005, 9,1% de moins en Afrique et 6,6% pour l’Amérique du Sud. Bonne nouvelle en Europe: les forêts y ont progressé de 1,2% sur la même période.