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lundi 17 mai 2010

VOYAGE POUR LA PAIX A NEW YORK


Compte-rendu du voyage citoyen à New-York
du 29 avril au 8 mai 2010 à l’occasion de la
Conférence d’Examen du Traité de Non-Prolifération
des armes nucléaires à l’O.N.U.

Il se passe actuellement à New-York, du 3 au 28 mai 2010, un événement considérable, encore que, dans la presse, quelque peu laminé entre les humeurs d’un volcan islandais et la crise financière : la Conférence d’Examen du Traité de Non-Prolifération des armes nucléaires (T.N.P.), qui se tient au siège de l’O.N.U. Il ne s’y joue, en effet, pas moins que l’avenir de l’humanité toute entière.
Si cette conférence réussit, c’est une dynamique durable de paix qui est enclanchée ; en cas d’échec, c’est la course aux armements nucléaires qui est relancée, avec, à terme, un risque probable de guerre nucléaire, qui serait fatale pour tout le vivant de notre planète.

Nombre d’états du monde sont conscients de l’enjeu de cette échéance capitale, mais aussi, de plus en plus d’associations de citoyens, d’origine géographique, confessionnelle, idéologique les plus diverses, qui ont en commun d’aspirer à un monde de paix et de sécurité. Ces citoyens organisés ont décidé, à cette occasion, de faire le voyage de New-York pour s’informer et, surtout, exprimer avec force, face aux représentations des états, leur volonté de parvenir à cet objectif qui leur tient particulièrement à cœur : l’élimination pérenne des armes nucléaires.

La France y était bien présente, avec une délégation fort remarquée de 250 personnes, emmenée par le Mouvement de la Paix et son co-président, Pierre VILLARD, et représentant 26 associations nationales, cependant loin derrière une impressionnante délégation japonaise de 1500 personnes. Notre département de l’Isère était représenté par Jean-Paul VIENNE, président du Comité de l’Isère du Mouvement de la Paix. La Provence, la région parisienne, la Bretagne étaient particulièrement bien représentées.

La présence des pacifistes français à New-York s’est manifestée à trois niveaux :

* d’abord à un niveau militant : ils ont montré publiquement leur détermination à exiger le désarmement nucléaire :
- en manifestant quotidiennement devant le siège de l’ONU, face au portail d‘entrée des diplomates, avec des masques blancs qui n’ont pas manqué d’attirer l’attention des médias
- en participant, avec tous les pacifistes des Etats-Unis et de l’étranger, à la grande Marche de la Paix du 2 mai qui a mené de Time Square au siège de l’ONU en passant par la 42ème rue ; organisateurs et police tombant d’accord pour compter 15.000 manifestants
- en stationnant devant les missions diplomatiques de chacune des 9 puissances dotées de l’arme nucléaire ; Jean-Paul VIENNE, pour sa part, s’est ainsi retrouvé devant la mission du Pakistan.
La police newyorkaise s’est montrée, chaque fois, bien présente et très vigilante, néanmoins plutôt bienveillante. Le directeur de la police newyorkaise est venu lui-même féliciter les Français pour leur « bonne tenue ».

• ensuite en s’informant aux sources : C’est ainsi que les membres de la délégation française, dûment pourvus de l’accréditation de l’ONU, ont assisté aux débats de l’assemblée plénière, où les représentants diplomatiques de tous les pays du monde, à des niveaux divers, expriment le point de vue de leurs gouvernements sur l’application et la nécessaire révision du TNP. La presse du monde entier a surtout retenu la « passe d’armes » entre M. Ahmanidejad et H. Clinton. Néanmoins, l’expression des autres états, petits ou grands, méritait tout autant l’attention. On aura noté l’inquiétude de nombre d’orateurs face au risque de prolifération nucléaire, ainsi que la volonté affichée par nombre d’états à parvenir à mettre un terme aux armes nucléaires dans les meilleurs délais.
La représentation des Etats-Unis a, il faut le dire, fait forte impression par son ambition affichée de parvenir à l’élimination des armes nucléaires. Le représentant de la France, brillant dans la forme, a déçu sur le fond en ne proposant aucune perspective concrète d’élimination de ces armes.
Ils ont aussi assisté aux conférences thématiques données, toujours au siège de l’ONU, soit par des institutions internationales, soit par les états eux-mêmes. Les conférences les plus attendues furent celles de Mayors for Peace (Maires pour la paix), vigoureusement soutenus par le Secrétaire Général de l’ONU, M. Ban Ki-Moon et où s’illustra avec brio le maire d’Aubagne (13), succédant aux maires d‘Hiroshima et de Nagasaki, ainsi que celle de l’UIP (Union Inter-Parlementaire). La délégation française a, bien entendu, aussi participé à la conférence des ONG du 7 mai, toujours au siège de l’ONU pour donner voix à la « société civile » (comme on dit à l’ONU), autrement dit aux associations de citoyens.

• enfin en multipliant les échanges de vues avec les responsables au plus haut niveau : Ce fut d’abord le Secrétaire Général le l’ONU lui-même. M. Ban Ki-Moon, qui vint saluer chaleureusement en personne les ONG (dont les Français), alors rassemblées en grand nombre à Riverside Church. Il les assura qu’il comptait au moins autant sur la « société civile » pour faire aboutir la conférence à un accord de désarmement que sur les représentations diplomatiques.
Ce véritable encouragement fut relayé par son second, responsable aux affaires de désarmement, M. Sergio DUARTE, qui rencontra personnellement la délégation française, l’exhortant, dans le même esprit, à poursuivre avec persévérance sa lutte pour l’abolition de toutes les armes de destruction massive.
La délégation française a ensuite tenu à rencontrer le plus d’ambassadeurs possible, dont, naturellement, celui de notre pays, M. Eric DANON, qui représente la France à la Commission du Désarmement de l’ONU. Un échange courtois, et même cordial, qui, pour autant, ne masquait aucune divergence de vue, notamment en ce qui concerne l’interprétation de l’article VI du TNP : l’élimination (rapide) des armes nucléaires prévue par cet article ne saurait, en aucune façon, être compatible avec leur modernisation à marche forcée mise en œuvre par notre pays (et, du reste, par la plupart des puissances nucléaires). M. DANON ne manqua pas pour autant d’encourager les membres de la délégation française à susciter un vrai débat démocratique de fond sur ce sujet capital dans notre pays.
Rencontre également fructueuse avec la représentation de l’Union Européenne, actuellement assurée par l’Espagne : la déclaration du 5 avril dernier de l’U.E. ambitionne également de son côté l’élimination des armes nucléaires et salue, elle aussi, explicitement « les efforts de la société civile pour aboutir à une convention d’élimination des armes nucléaires ».
Tant d’encouragements au plus haut niveau ne sauraient rester sans effet : la délégation française s’en est trouvée toute regonflée d’énergie et d’initiatives.

Cette intense activité militante à l’ONU fut, en vérité, précédée par un gros week-end de rassemblement des associations de lutte contre les armements nucléaires à Riverside Church (l’activité militante passant aux Etats-Unis le plus souvent par le biais des églises). Riverside Church, au bord de l’Hudson, est une espèce de gros complexe confessionnel à l’américaine (où s’illustrèrent en leur temps M.L. King et N. Mandela) offrant des salles immenses et toutes les commodités propices à une activité militante efficace.
Les associations, originaires de nombreux pays, mais aussi d’horizons culturels, idéologiques et confessionnels les plus divers, y échangèrent, au cours de multiples rencontres, leurs expériences et leurs initiatives, bien décidées à faire converger leurs énergies et accroître leurs efforts pour ce but, toujours le même : l’élimination des armes nucléaires et une solidarité toujours croissante du « village planétaire ». Des associations transnationales, telles que le Bureau International de la Paix, y jouèrent forcément un rôle fédérateur. Ce fut aussi, pour les associations nationales, le moyen de faire plus ample connaissance entre elles. Les témoignages des Hibakushas (les rescapés d’Hiroshima et de Nagasaki) furent des temps forts des ces rencontres. Des spécialistes, souvent des universitaires, voire d’anciens diplomates, vinrent fournir quantité de données chiffrées et prospectives sur les armements nucléaires dans le monde. Des artistes, dont la chanteuse française Catherine LECOCQ, surent donner une dimension culturelle à ce rassemblement.
Il trouva son point culminant dans la manifestation du 2 mai à travers les rues de New-York. Les Français, très remarqués aussi, furent amplement filmés (notamment par CNN et ABC, mais aussi les télévisions japonaises) et reçurent tous les encouragements de la part de la population newyorkaise.
Les contacts inter-associatifs se poursuivirent encore les jours suivants, notamment lors d’une rencontre extrêmement chaleureuse avec l’association étatsunienne Peace Action à Long Island.

Beaucoup d’interlocuteurs ont manifesté un optimisme « mesuré » quant à l‘issue de cette Conférence d’Examen. Mais tous ont souligné avec force qu’aucune véritable percée dans le domaine de l’élimination des armes nucléaires ne se fera sans la pression accrue des opinions publiques du monde, de la « société civile », ce que toutes les associations présentes ont immédiatement traduit par un effort redoublé en direction à la fois des opinions nationales (presse incluse) et des instances politiques (gouvernements et partis) de leurs pays respectifs, les associations de la France, pays doté de l’arme nucléaire, ayant une responsabilité toute particulière en ce domaine.

à Grenoble, le 11 mai 2010

Jean-Paul VIENNE

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