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samedi 24 mars 2012

L' industrie détruira elle le monde ?

Birmanie: la résistance s'organise contre un immense projet industriel


VIDEO - La colère monte dans le sud du pays...

La colère monte peu à peu, dans le sud de la Birmanie, contre un projet industriel tentaculaire qui forcera des milliers de villageois à quitter leurs terres, une lutte qui symbolise un peuple longtemps muselé mais qui ose de plus en plus se faire entendre.

Dans l'esprit du gouvernement et des promoteurs, le port en eaux profondes de Dawei est une clé du développement de l'Asie du Sud-Est, un complexe relié à Bangkok et qui ouvre le chemin vers l'Europe en évitant Singapour et le détroit de Malacca. A terme, le projet de 250 kilomètres carrés comprendra notamment une aciérie, une usine de pétrochimie et une raffinerie. De l'industrie lourde et sale, que ne font pas oublier les maisons promises aux villageois, avec écoles, hôpitaux, eau courante et électricité. «On ne veut pas partir», proteste San Nyein, paysan de 53 ans du village de Mayingyi. «Notre région a des noix de coco, des noix de bétel, des cajous et des tamarins. Nous avons tout ce qu'il nous faut». «La mer nous nourrit depuis notre enfance. Où irons-nous pêcher si nous devons aller dans une ville nouvelle», renchérit Tin Hlaing, 56 ans, pêcheur d'un hameau voisin.

Explosion du prix des terres

Depuis quelques mois, les promoteurs immobiliers ont fait exploser le prix de la terre. «Quand nous nous sommes plaints, ils ont répondu que nous n'avions pas de documents de propriétés. Ils disent que le vrai propriétaire, c'est l'Etat, donc nous n'osons pas nous battre contre eux», a avoué à l'AFP un villageois sous couvert de l'anonymat. A terme, quelque 20.000 personnes sont censées être relogées, selon la presse gouvernementale. Mais avec la dissolution de la junte au pouvoir en mars 2011, après un demi-siècle d'un pouvoir militaire qui s'arrogeait le droit de disposer des terres à sa guise, la contestation n'est plus totalement taboue.
En septembre 2011, à la surprise générale, le gouvernement a suspendu un projet de barrage de 3,6 milliards de dollars construit par les Chinois en Etat Kachin (extrême-nord). Le président Thein Sein, qui a multiplié les réformes depuis sa prise de fonction, a de facto donné raison aux revendications des populations locales et des environnementalistes, au détriment de Pékin, allié de toujours. Un geste impensable auparavant. Plus récemment, c'est une centrale au charbon qui a été rayée du projet de Dawei.

Les villageois prêts à se battre

Les villageois de Dawei sont donc prêts à se battre. D'autant que le complexe avance bien moins vite que prévu et que les bulldozers tant redoutés ne sont pas encore sur place. Dans un pays éreinté par cinquante ans de gestion militaire, les experts soulignent que l'économie birmane toute entière doit être remodelée, avec des systèmes légal et bancaire et des infrastructures physiques à rebâtir. Et même si son potentiel suscite des convoitises, il est encore trop tôt pour imaginer un boom économique.
La compagnie Ital-Thai, en charge du projet, «a de gros problèmes pour lever des fonds, et ce n'est pas surprenant car les chiffres sont vraiment énormes», relève Sean Turnell, économiste à l'université Macquarie de Sydney. «Il y a eu un vrai revirement du sentiment des investisseurs dans ce projet et je pense que c'est surtout ça ce qui le ralentit». Le groupe thaïlandais assure que les investissements - 4,5 milliards de dollars pour la première phase, 8,5 milliards pour la deuxième - iront jusqu'au bout. Il évoque un complexe final d'une valeur de 50 milliards. «Notre projet a reçu l'approbation du gouvernement. Ils nous ont même demandé de l'accélérer et nous soutiennent sur le plan légal. Il n'y a pas lieu de s'inquiéter», relève Somchet Thinaphong, patron de la Dawei Development Company, filiale d'Ital-Thai. Mais les villageois regardent la bande de terre immaculée à nulle autre pareille qui les a vus naître, et ne peuvent se résoudre à la voir disparaître. A l'image de Than Myint, paysan de 64 ans. «Je veux rester ici (...). Nous ne comprenons pas la ville. Elles sont toutes pareilles».

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