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samedi 15 juin 2013

Roumanie : personne ne veut des Gaz de Schiste...

Dans les collines de Roumanie, un prêtre en lutte contre les gaz de schiste

BARLAD (Roumanie) - Dans les collines de l'est de la Roumanie, un prêtre lutte contre un projet d'exploitation du gaz de schiste  par le géant énergétique américain Chevron, dénonçant les risques pour l'environnement et le mépris pour les habitants.
«L'Eglise ne se mêle pas de politique mais s'il y a danger pour la santé ou la vie d'un seul de mes semblables, ma mission m'oblige à intervenir», confie à l'AFP le protopope (archiprêtre) orthodoxe de Barlad (est) Vasile Laiu.Cet homme de 50 ans a passé plus de la moitié de sa vie à «servir» dans cette région rurale et défavorisée.Avec sa soutane noire, il est de toutes les manifestations  contre Chevron organisées par un groupe de citoyens comptant entre autres un géologue, un ingénieur, une notaire.D'autres prêtres ont rejoint ces milliers d'opposants, dans un pays où l'Eglise bénéficie d'une cote de confiance élevée.«Nous avons peur pour l'avenir de nos enfants. Nous ne sommes pas d'accord avec ces gaz qui détruisent la nature», dit Eugenia Paduraru, du village de Simila, louant l'engagement d'un homme «extraordinaire, réellement proche des gens».
Quand le maire a interdit un rassemblement en avril, le père Laiu a accueilli les protestataires dans son église, prêchant la protection de la nature.
L'inquiétude du prêtre et d'une partie des habitants? Voir leurs collines couvertes de forages pour extraire ce gaz, dans une ruée vers l'énergie identique à celle qui a emporté des campagnes entières aux Etats-Unis.
En Europe, Chevron, deuxième groupe énergétique américain, prospecte en Pologne et Roumanie. A Barlad, il dispose depuis 2011 d'une concession de 600.000 hectares et a identifié trois sites pour des forages d'exploration avant une éventuelle exploitation.
La méthode d'extraction des gaz de schiste, la fracturation hydraulique, est controversée. Autorisée dans certains Etats américains mais interdite en France, jugée dangereuse pour l'environnement par des scientifiques, elle consiste à injecter à très haute pression de l'eau mêlée à du sable et des produits chimiques pour libérer le gaz de la roche.
D'où des risques de contamination des nappes phréatiques, selon une étude de l'université américaine Duke.
La question de l'eau est cruciale à Barlad.
La fracturation en nécessite plus de 10.000 m3 par puits. Or «la région souffre de sécheresse», dit le père Laiu. L'été, des villageois font parfois plus de 4 km pour chercher de l'eau.
«Qui voudra acheter notre blé?»
Les eaux usées toxiques pouvant contenir des substances radioactives et leur traitement posent aussi question en région agricole.
La plupart des villageois ont un potager, des arbres fruitiers, un petit élevage.
«Qui voudra acheter du blé, un morceau de fromage» si des millions de litres d'eau toxiques circulent?, s'interroge le prêtre qui pratique en amateur l'apiculture.
Lui dont une partie de la famille a travaillé dans l'industrie pétrolière, était a priori ouvert à cette nouvelle activité. Il dit avoir changé d'avis en parlant avec des géologues, des ingénieurs et en lisant témoignages et rapports sur l'expérience américaine.
Chevron de son côté assure suivre «les standards les plus élevés en terme de sécurité et d'environnement», déclare à l'AFP une porte-parole, Sally Jones.
Le groupe se veut «un partenaire responsable pour aider la Roumanie à explorer ses ressources en gaz de schiste, créer des emplois et protéger l'environnement» dans un département qui compte le plus fort taux de chômage du pays (10%).
Le père Laiu accuse toutefois la compagnie et les hommes politiques d'«ignorer la communauté». Des habitants se sont retrouvés avec des engins de prospection dans le jardin, les murs de leur maison lézardés, raconte-t-il. Chevron «a pensé qu'en raison de la pauvreté et du manque d'information (de la population), ils pourraient travailler facilement».
Certains se sentent «trahis» par les politiques. Quand la coalition de centre gauche (USL) du Premier ministre Victor Ponta était encore dans l'opposition, ses membres, dont le maire et le député de Barlad, manifestaient contre les concessions accordées à Chevron par le gouvernement de centre droit.
Arrivé au pouvoir, M. Ponta a imposé un moratoire sur les gaz de schiste jusqu'à fin 2012. Mais depuis, son gouvernement, comme le président Traian Basescu, défend cette source d'énergie.
Le maire de Barlad Constantin Constantinescu, reconnaît avoir changé: «J'entends d'autres arguments, des pays comme la Grande-Bretagne veulent exploiter les gaz de schiste». Il dit le père Laiu «informé de façon partiale».
«Si le projet se fait, ce sera contre notre volonté. Or, un Etat de droit doit tenir compte de l'opinion des citoyens», rétorque le prêtre.
«Il y a des années, j'ai perdu une fille de quatre ans d'une tumeur. Quand j'ai demandé la cause au médecin, il m'a répondu: +Mon père, Dieu seul le sait, mais nous sommes trop près de Tchernobyl+. Je n'ai pas le droit d'être indifférent à l'environnement. La vie vaut plus qu'un paquet d'argent agité sous nos yeux.»

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