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mercredi 24 avril 2013

Nicolas Hulot : les politiques écologiques sont insuffisantes...

Nicolas Hulot: «Je trouverai les politiques écologiques, qu'elles soient de gauche ou de droite, toujours insuffisantes»

Hors des partis politiques, Nicolas Hulot mène sa barque écolo et agit «dans l'ombre» pour la planète...

Nicolas Hulot est une énergie renouvelable à lui seul. On le croyait abattu après son échec à la primaire écologiste, il revient sur les marches de l’Elysée avec un titre d’envoyé spécial du Président de la République pour la protection de la planète. On le croyait fataliste, il garde toujours l’espoir que l’humanité change d’état d’esprit et épargne un peu sa planète. On le croyait consensuel, il multiplie les «je me bats». Discuter avec Nicolas Hulot, c’est prendre une décharge d’énergie verte, qu’il emploie toujours à construire le monde de demain.

Vous avez souvent exprimé le souci d’être à l’endroit où vous seriez le plus utile. L’avez-vous trouvé?

J’ai fait des expériences comme la primaire de l’écologie, je sais maintenant que ce n’est pas là que je peux être le plus utile. Aujourd’hui, avec ma fondation et ma mission diplomatique, je ne dis pas que je vais révolutionner le monde et sauver la planète, mais par rapport à mon potentiel, c’est là que je peux m’exprimer le mieux. D’un côté, je peux me préoccuper de ce qu’on fait dans notre pays et faire en sorte que des esprits travaillent de manière apaisée avec une ambition radicale, et de l’autre côté, dans l’ombre, essayer de rassembler des hommes et femmes d’Etat en m’adressant à eux avec un discours non pas politique mais humaniste.

En quoi consiste votre rôle d’envoyé spécial pour la protection de la planète?

C’est une mission de diplomatie à l’échelle internationale pour faire en sorte que les sujets universels comme le climat, la biodiversité, les océans ou les biens communs ne disparaissent pas de nos radars. J’essaye, avec l’appui du réseau diplomatique français, d’identifier les acteurs avec lesquels on peut renforcer des coalitions et surtout de voir ce qui fonctionne sur un plan juridique, économique ou technologique chez les uns et les autres pour le valoriser. La Chine a inscrit dans sa constitution un objectif d’économie circulaire, le Costa Rica a monté un modèle économique rentable pour ne pas exploiter ses ressources pétrolières: ça m’intéresse de voir si ça marche et comment ça marche. J’essaye donc d’agréger le côté positif du changement et de voir ce qui est reproductible dans notre pays.

Vous gardez néanmoins les pieds en France?

Pour être franc, j’ai parfois l’impression en France de tourner en rond et de dire les mêmes choses aux mêmes personnes, sauf qu’avant elles étaient dans l’opposition et maintenant elles sont au gouvernement. Je ne dis pas qu’il ne faut pas continuer à encourager les bonnes pratiques dans notre pays mais il y a aussi des choses qui ne pourront se régler qu’au niveau européen voire international. Ma mission s’inscrit entre autres dans la perspective de la conférence climat 2015 qui aura lieu à Paris. Ce sera un challenge mais il est nécessaire de l’affronter, ne serait-ce que parce que ça va contraindre, je l’espère, la France et l’Europe à prendre des initiatives.
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Que pensez-vous de la politique écologique du gouvernement?

Compte tenu de la complexité et de la gravité des enjeux, je trouverai les politiques écologiques, qu’elles soient de gauche ou de droite, toujours insuffisantes. Je pense qu’actuellement la crise économique détourne trop notre attention des enjeux écologiques. La difficulté qu’on a dans ce gouvernement comme dans d’autres auparavant, c’est que quelques personnes sont empreintes de ce sujet-là, comme Delphine Batho, mais d’autres ont des logiques différentes.  Je comprends qu’Arnaud Montebourg soit obsédé par les problèmes d’emploi ou les fermetures d’usines. Pour l’instant, chacun s’occupe de son domaine et il n’y a pas de cohérence. L’aéroport de Notre-Dame-des-Landes et les gaz de schiste sont des cas d’école. Les adversaires et les défenseurs ont chacun des arguments recevables, selon que l’on prenne en compte les enjeux de court terme ou de long terme. Ce que je trouve dommage, c’est qu’on ne puisse pas discuter autrement que dans la tension. Je pense que notre démocratie, par rapport à tous les changements culturels, sociétaux, économiques, écologiques, n’est plus adaptée. Il faut des lieux où l’on puisse discuter et élaborer le futur de manière apaisée.

La politique, pour vous, c’est fini?

La politique au sens où on l’entend habituellement, c’est à-dire adhérer à un parti, me présenter à des élections, oui, je pense que c’est fini. Mais quand je suis avec cinquante scientifiques, chercheurs, économistes, à travailler sur le futur, c’est de la politique concrète.  Je ne suis pas encarté, je suis libre, mais je pense qu’il y a cinquante manières de faire de la politique. Et surtout des manières dont il faut se débarrasser si on veut progresser, notamment ce que j’appelle la petite politique, c’est-à-dire la politique partisane qui fait qu’une fois qu’on a choisi son camp, on considère que tout ce qui provient d’un autre horizon est nul et non avenu. Tant qu’on sera dans cette posture-là, notre société sera figée.

Vous avez lancé un think tank, quel est son objectif ?

Nous travaillons sur des propositions structurantes à long terme qui nous permettent d’aller vers un nouveau modèle de société, simplement parce que nous sommes dans un monde aux ressources finies qui sont en train de s’épuiser, avec de grands équilibres menacés qui impactent déjà nos économies et notre santé. Nous sommes le seul think tank qui ait comme grille de lecture la contrainte écologique, car nous considérons que c’est elle qui conditionne toutes les vulnérabilités. Si on ne prend pas en compte ce paramètre-là, tout ce que à quoi nous sommes attachés en termes de solidarité s’effondrera.

Dans l’actualité écologique, on a beaucoup parlé de fiscalité, et notamment d’aligner les taxes sur le diesel sur l’essence. N’est-ce pas  prendre le risque d’encore assimiler écologie et taxation?

Il y a un risque si on ne présente uniquement cette mesure alors qu’elle s’inscrit dans un dispositif qui doit être beaucoup plus large, notamment pour les gens qui n’ont pas le choix et qui ne peuvent pas changer de voiture demain matin. Mais si les citoyens comprennent qu’on va substituer une forme de fiscalité qui pénalise le travail à une autre forme de fiscalité qui régule les impacts environnementaux et les prélèvements de ressources naturelles, je pense que tout le monde sera d’accord.
Audrey Chauvet

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