ENVIRONNEMENT - Les retombées radioactives dans le voisinage direct  de la centrale, devraient être plus importantes à Fukushima qu'à  Tchernobyl. La biodiversité alentour risque d'être fortement impactée...
Sols, eau, végétaux, animaux... Si un 
accident nucléaire comme celui en cours à 
Fukushima libère des produits radioactifs dans l'atmosphère, c'est l'ensemble de l'environnement qui risque d'être contaminé.
Il est toutefois difficile d'évaluer le risque pour la centrale de 
Fukushima car la contamination serait vraisemblablement différente de celle provoquée par l'explosion du réacteur de 
Tchernobyl en 1986.
En Ukraine, la déflagration avait projeté des débris nucléaires à  plus d'un kilomètre de haut et libéré un panache de particules et de gaz  contaminés qui avait disséminé des éléments radioactifs sur la plupart  des pays d'Europe.
Au Japon, les six réacteurs de la centrale sont à l'arrêt, et le  risque d'explosion lié à un emballement de la réaction nucléaire semble  écarté. Une contamination de l'environnement serait donc plus localisée,  mais aussi plus forte.
«On s'attend à avoir des retombées plus importantes dans le voisinage  immédiat de Fukushima que ce qu'on a eu dans le voisinage de  Tchernobyl», explique à l'AFP Didier Champion, directeur de  l’environnement à l'Institut de radioprotection et sûreté nucléaire  (IRSN). «L'inconvénient, c'est qu'on a un territoire qui est plus  fortement contaminé à 10 ou 20 km, peut-être au-delà. L'avantage, par  contre, ça veut dire moins de contamination à plus grande distance»,  ajoute-t-il.
LES PRINCIPALES SOURCES DE CONTAMINATION
Un 
accident  nucléaire peut libérer une grande variété d'éléments radioactifs, mais  les deux principales sources de contamination sont l'iode-131 et le  césium-137.
- L'iode-131
Ce produit de la fission nucléaire dans les réacteurs constitue le  principal danger de contamination à court terme en cas de rejets dans  l'atmosphère. Il se volatilise en vapeur violette à faible température,  un peu au-dessus de 100 °C.
C'est un élément redouté car il est volatil et donc très mobile. Il  se propage rapidement dans l'environnement: dispersion dans  l'atmosphère, dépôt au sol ou sur les feuilles de végétaux, captation  par les racines, ingestion par l'animal et éventuellement consommation  par l'homme .Ingéré par les mammifères en période de lactation, l'iode  se retrouve très rapidement dans le lait (quelques heures après  l'ingestion).
Il se concentre dans la glande thyroïde, raison pour laquelle il est  prévu de distribuer des pastilles d'iode stable en cas de contamination  pour saturer cette glande et empêcher l'iode radioactif de s'y fixer.  Contrepartie de sa grande radioactivité, l'iode-131 une vie très courte,  la moitié de ses atomes se désintégrant naturellement en huit jours  (période radioactive). Sa radioactivité est ainsi divisée par 2.000 tous  les trimestres.
- Le césium-137
Cet élément, l'un des plus importants produits de la fission  nucléaire, est la principale source de contamination de la chaîne  alimentaire due aux essais nucléaires et à l'accident de 
Tchernobyl.
Contrairement à l'iode-131, il est peu mobile et s'enfonce lentement  dans le sol, où il est fixé par les minéraux. La contamination se fait  d'abord par les feuilles, puis les racines. Les champignons et le gibier  sont les plus contaminés par le césium. Il peut se concentrer dans la  chaîne alimentaire, par exemple dans la chair des poissons.
Sa période radioactive est beaucoup plus longue que celle de  l'iode-131 (30 ans) et il peut donc contaminer durablement  l'environnement.
LES DANGERS POUR L'ENVIRONNEMENT ET LA POPULATION
- L'alimentation humaine et animale
Selon Didier Champion, la priorité aux abords de la centrale est de  surveiller «la contamination des denrées alimentaires» par dépôt des  particules radioactives sur les feuilles, qu'il s'agisse des légumes  consommés directement par la population, ou des végétaux consommés par  le bétail. En raison de la rapide transmission de l'iode radioactive au  lait, cette denrée fait également partie des «produits les plus  sensibles dans l'immédiat».
Mercredi, l'UE a recommandé le contrôle des aliments importés du Japon.
- Les zones bâties
Que les éléments radioactifs contenus dans l'atmosphère retombent  naturellement ou qu'ils soient lessivés par la pluie, ils peuvent former  des dépôts dans les zones urbaines (routes, maisons, etc). «Le problème  principal c'est que ces dépôts deviennent à nouveau une source de  rayonnement, qui peut conduire à des doses durables», explique M.  Champion.
- L'eau
Hormis les citernes d'eau de pluie, la contamination de l'eau reste a priori un enjeu «secondaire», selon l'expert de l'IRSN.
L'océan Pacifique voisin de la centrale constitue un « réservoir» où  les produits radioactifs devraient se diluer. Concernant les rivières et  aux autres sources d'eau potable, l'eau s'y écoule en permanence et le  dépôt radioactif est rapidement évacué.
Quant à la nappe phréatique, il faut plusieurs années pour que la  contamination migre dans le sol. Le césium-137 migre très peu et l'iode  se désintègre bien avant d'avoir pu l'atteindre.