jeudi 8 octobre 2009
"Le syndrome du Titanic"
Nicolas Hulot "Notre intérêt est de partager" Dans Le syndrome du Titanic, son premier long-métrage sur les écrans depuis le 7 octobre, Nicolas Hulot peint une humanité déchirée entre riches et pauvres. Le consensuel Hulot aurait-il changé ? Dans les locaux de sa fondation, où il nous reçoit, nous le sentons habité par un combat qu’il sait… titanesque : réveiller les consciences pour pousser l’humanité à changer radicalement de cap. Le syndrome du Titanic montre des villes, où la consommation frénétique côtoie la plus grande pauvreté. Pourquoi ce parti pris ? Il est bon que nous nous regardions tels que nous sommes. Le réalisateur Jean-Albert Lièvre et moi nous sommes juste efforcés de ne pas détourner le regard de cette humanité aujourd’hui majo- ritairement urbaine. Regardons en face les deux perspectives qui s’ouvrent devant nous. Soit nous laissons les ressources de la planète s’épuiser, les inégalités se creuser ; et l’avenir est sombre. Soit nous acceptons de remettre en cause nos modes de vie ; et l’avenir peut être enthousiasmant. Dépouillement, frugalité, partage : vous utilisez dans votre film un langage assez courant chez les chrétiens. Vous sentez-vous proche d’eux ? Certains se retrouvent dans mes propos sur des bases idéologiques, d’autres sur des bases religieuses. Tant mieux. Mais ce n’est pas pour des raisons morales qu’il est impératif de mieux partager la richesse. « Devenir humain est une tâche beaucoup plus difficile que prévu », dites-vous dans ce film. Pour vous, qu’est-ce que devenir humain ? Dans certains endroits du monde, des enfants meurent de maladies pour lesquelles un remède existe à une heure ou deux d’avion, voire juste de l’autre côté d’un mur. Comment peut-on s’accom- moder de cet apartheid mondial qui donne toutes les chances de s’en sortir si l’on naît ici, et aucune si l’on naît là-bas ? C’est ce qui me fait dire que nous ne sommes pas encore tout à fait humains. S’humaniser, c’est oser regarder en face certaines réalités qui nous dérangent. Et surtout, avant de prendre une décision personnelle ou collective, se demander si elle est équitable. A quoi ressemble cette « sobriété heureuse » à laquelle vous croyez ? Nous sommes allés très loin dans « l’avoir », en négligeant « l’être ». Le temps que nous consacrons à tous nos autres biens de consommation, nous ne le passons pas avec les autres. Un monde qui multiplie en permanence ses besoins n’est pas en voie de civilisation. Entre notre société du gâchis et celle de la pénurie qui nous guette, il existe un équilibre que nous devons trouver.
Retrouvez l'intégralité de l'interview dans Pèlerin n°6619 du 8 octobre 2009 Recueilli par Véronique Badets (photo : BOSIO/USHUAIA NATURE/TF1)
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