Réunion ouverte à toutes et tous
de co-construction du Programme des « Rencontres de Die » de Janvier
2018, le lundi 25 septembre 2017 à 18h30, salle des Sociétés, rue Joseph Reynaud,
de Die (face au Tchaï Walla). Repas partagé à 20 heures.
L’éthique du développement durable ou Greenwashing ? aux Rencontres de Die du 25 Janvier 2018 au 04 février 2018)
Des repères pour
orienter les décisions vers un monde plus solidaire
Le développement durable est un
processus participatif de prise de décision participatif. Les décisions
humaines sont imprégnées d’une éthique ou de valeurs et quand elles sont prises
en groupe. Ces valeurs peuvent se contredire. Les valeurs du développement
durable peuvent offrir aux acteurs du DD
des points de repère pour orienter leurs décisions vers un monde plus
solidaire.
L’éthique : c’est
abstrait et ça décrit toujours des utopies ! L’éthique est une réflexion sur un idéal, mais
c’est aussi une pratique quotidienne. Dans le cadre du développement durable
(DD), l’éthique à développer par les acteurs vise à changer le monde. Il
ne faudra donc pas s’étonner de décrire parfois des utopies ou au moins des
idéaux que l’on ne rencontre pas… encore !
L’éthique, la morale et la
déontologie, comme les lois, définissent ce qui est bien, permis ou juste ou
mal, défendu ou injuste. Elles ne peuvent empêcher totalement les comportements
déviants, mais elles permettent de les rejeter. Elles permettent aussi de
réfléchir à ce qu’il convient de faire quand il s’agit de trouver une cohérence
interne entre les croyances, les valeurs, les prescriptions culturelles et les
choix personnels.
Alors que la
science tente de démêler le vrai du faux, l’éthique s’occupe de distinguer le
bien du mal.
L’éthique : c’est
très général et ça ne s’applique pas aux situations concrètes.
Il est parfois très
difficile dans certaines situations de savoir ce qui est bien et ce qui est
mal. Pourtant l’éthique tente de définir des principes universels. Par
exemple : la règle morale : « tu ne mentiras pas » peut
être considérée comme une loi générale parce que personne ne pourrait souhaiter
que le fait de mentir soit reconnu comme une bonne chose.
Mais dans les situations
particulières, mentir est parfois la meilleure chose à faire, par exemple, par
compassion. Omettre de dire à ma grand-mère malade sur son lit d’hôpital
que mon meilleur ami, qu’elle a bien connu et qu’elle aime beaucoup, se meurt
d’un cancer me paraît un comportement plus éthique que de lui dire cette vérité
qui l’attriste et ne lui apporte rien, simplement, pour ne pas mentir.
Il faut donc
distinguer des règles morales très générales et les décisions éthiques que l’on
doit prendre dans l’action quotidienne. Tous les codes de déontologie
reprennent des règles générales. L’éthique dans l’action s’inspire de ces
règles générales, mais accepte les contradictions entre les valeurs morales et
oblige à faire des choix. Les éthiciens appellent cela : « prendre la
meilleure décision dans les circonstances » et pas « prendre la bonne
décision ».
Ce raisonnement est particulièrement
intéressant pour agir dans le cadre d'un application du DD et donc pour
alimenter les réflexions des personnes impliquées dans des processus
participatifs comme les vrais projets–programmes de résilience locale.
Oui, mais comment
faire pour savoir quelle est la meilleure décision dans les circonstances
?
La meilleure décision dans
les circonstances demande une réponse positive aux trois questions
suivantes : la décision que je (nous) veux (voulons) prendre est-elle
impartiale ? Un juge sans parti pris, prendrait-il la même
décision ? ; La décision que je (nous) veux (voulons) prendre est-elle
réciproque ? Cette décision me paraîtrait-elle juste si quelqu’un d’autre
me l’appliquait ? ; La décision que je (nous) veux (voulons) prendre est-elle
exemplaire ? Irait-on vers une meilleure société si tout le monde prenait
la même décision ?
Qu’est ce
que la « moraline ? » Ce terme désigne cette forme de fausse morale qui
s’indigne sans agir. Il est utilisé aussi pour désigner ce comportement qui réduit
l’autre à une de ses caractéristiques (il est mauvais parce que c’est un
industriel ou parce que c’est un environnementaliste, par exemples) ou au pire
moment de sa vie (il est mauvais parce qu’il s’est drogué).
Selon Morin (2004), il
faut apprendre à « bien penser » et s’exercer par la « culture
psychique » pour développer une auto-éthique qui responsabilise. Le
« bien penser » recherche la multidisciplinarité et la complexité,
intègre les émotions et la raison, la science et l’éthique. « Bien
penser », c’est aussi reconnaître sa propre capacité d’aveuglement et
lutter contre les déformations de la mémoire, les oublis sélectifs,
l'auto-justification et la « moraline » qui réduit autrui à son pire
aspect ou au pire moment de sa vie.
Y-a-t-il quand même
des balises plus précises pour prendre des décisions qui vont dans le sens du
développement durable ?
Le DD est basé sur un certain nombre de valeurs et il offre donc des règles
morales générales. Les « Programmes de Résilience Locale » s’inscrivent
très bien dans ce cadre éthique. Le DD se conçoit dans la complexité. Cinq
principes, qui sont autant de valeurs, peuvent aider à la réflexion pour les
actions de terrain :
le DD impose l’inclusion
de contraires ;
le DD est
démocratique ;
le DD est bio holistique ;
le DD est solidaire et
responsable et
le DD est orienté vers
l’action.
Le développement
durable impose l’inclusion de contraires
« Le grand défi,
auquel l’humanité est aujourd’hui confrontée, c’est de mettre en œuvre un
développement économique durable qui ne laisse pas au bord de la route des
populations entières du globe et qui respecte les équilibres naturels de la
Terre » (Reeves, 2003). Ce serait une faute
éthique de réduire le DD à un ou deux de ses composantes seulement en oubliant
les autres. Par exemples, implanter une porcherie ou un magasin à grande
surface sur la base de critères économiques seulement ou les refuser sur base
de critères écologiques seulement, ce n’est pas du DD. Il faut donc renoncer à
placer le « bien » dans une décision optimale monocritère. Ce
qui est de l’ordre du « bien », du « juste » ou du
« bon », ce sont les décisions faisant place à l’ensemble des enjeux
des différents acteurs et donc à l’ensemble des besoins humains.
Le développement durable est démocratique
La démocratie se
nourrit d'opinions contradictoires. Les décisions de DD doivent être issues
d’un dialogue entre des acteurs considérés comme égaux mais aux intérêts
divergents et légitimes. Le dialogue est indispensable pour le DD : ce qui
est plus décisif que le regard scientifique, c'est la capacité à écouter les
autres et à s'expliquer avec eux. Lorsque vous êtes en état
d'intercommunication, nous dit Jacquard (1998), un plus apparaît. Grâce à
l'invention du langage, sous toutes ses formes, nous avons inventé un ensemble
plus riche.
Le DD vise l’inclusion de contraires pour des
décisions « meilleures ». Le processus participatif de prise de
décision, comme l'A21L, augmente la capacité des acteurs concernés à lire
les situations à partir d’une éthique de la complexité.
Les procédures qui entourent le dialogue
doivent être explicites pour que le contenu de la discussion soit libre. « Si plusieurs acteurs sont concernés, il faut agir
de manière à ce que chaque acteur ait des chances égales d'être entendu, que
les règles soient claires et les mêmes pour tous et que le processus lui-même
soit transparent et vérifiable par tous. » (Beauchamp, 2006)
Le développement
durable est anthropocentrique
Il est biologiquement impossible de couper
l’homme du reste de la planète et d’un point de vue éthique, le suicide
collectif de l’espèce humaine ne peut être souhaité (Jonas, 1998). Ce
sont les besoins humains dans la nature que nous devons satisfaire de manière
durable, c’est-à-dire en respectant les capacités des écosystèmes à soutenir la
vie. Les décisions de DD sont conçues avec l’homme à l’intérieur des
écosystèmes, pas pour en faire un destructeur sans scrupule, mais pour inclure
son existence dans les écosystèmes naturels et les respecter dans leurs processus.
L’homme n’est pas dissocié de la nature, mais il n’en est pas non plus un
élément comme un autre. Morin (1999) constate ainsi que l’homme est à la
fois un élément de la nature et qu’il est aussi au-dessus de la nature.
Le caractère anthropocentrique de l’éthique du DD se déploie dans la recherche
d’une conscience et donc d’une responsabilité accrue de l’homme par rapport à
ses actions dans la nature. Le « principe espérance », à savoir
demain sera meilleur qu’aujourd’hui, est remplacé par « le principe responsabilité ».
Jonas (1998) fait donc de la responsabilité la valeur des valeurs. Ce
développement de conscience passe par une collaboration entre les nombreux
experts dans toutes les disciplines.
Tout en reconnaissant la nécessité d’une vie
bonne pour les individus, le DD basé sur un souci de l’autre, qu’il soit un
acteur présent ou un acteur absent. La visée du DD est humaniste. Ses valeurs
sont de l’ordre de la solidarité avec les générations actuelles tant au nord
qu’au sud de la planète. Il est aussi solidaire des « acteurs
absents » : les générations futures et le vivant en général. Le
DD inclut donc une valeur de respect de la Vie en soi tant dans le domaine de
la biodiversité que de la sociodiversité.
Le développement durable est centré sur l’action
Le DD se centre plus sur l’action pour un
monde meilleur que sur la contestation des défauts du monde. Il s’agit
d’appliquer le principe de précaution dans son sens d’ «action
prudente », et pas dans le sens de s’abstenir d’agir. Les décisions
d’aujourd’hui auront des effets impossibles à prévoir : demain n’est pas
complètement déterminé par aujourd’hui et hier n’est pas aujourd’hui.
Accepter la complexité, c’est aussi intégrer l’incertitude : toutes les
incertitudes scientifiques et les incertitudes sur les conséquences de
certaines de nos actions. Il y a des limites à la prévisibilité des résultats
d’une décision parce qu’ils dépendent non seulement des intentions de l'acteur,
mais aussi des conditions propres à la mise en œuvre de l’action. Les
« meilleures décisions dans les circonstances » resteront donc
toujours un pari.
Pour rendre tout cela plus opérationnel, on
pourrait dire que le DD est « POUR ET AVEC ». Il oblige à se
centrer sur l’action beaucoup plus que sur la contestation (POUR est ici opposé
à CONTRE). Il s’appuie sur tous les savoirs (ET est opposé à OU) et
il intègre tous les acteurs (AVEC est opposé à SANS).
Le développement
durable est solidaire et responsable
L’éthique, c’est
tellement compliqué, n’est-ce pas plus sûr de se tourner vers la science ?
La science tente de
démêler le vrai du faux, pas le bien du mal. Les découvertes scientifiques et
leur utilisation dans des technologies permettent le meilleur comme le pire,
les avancées de la médecine comme la bombe atomique. Science et éthique sont
donc indispensables dans les décisions de DD. Lors de l’implantation d’A21L,
rechercher et diffuser les connaissances scientifiques disponibles et discuter
des principes éthiques permettent de prendre des décisions responsables, c’est-à-dire
« les meilleures décisions dans les circonstances ».
Que retenir ? La science tente de démêler le vrai
du faux, l’éthique s’occupe de distinguer le bien du mal ; les « Programmes
de Résilience Locale » s'inscrivent dans les valeurs morales du DD qui
sont autant de valeurs qui peuvent aider la réflexion et les actions
de terrain ; l’implantation d’un « Programmes de Résilience
Locale » permet de prendre des décisions
responsables, c'est-à-dire « les meilleures décisions dans les
circonstances ».
Ecologie au
Quotidien
DIE, Rhône-Alpes,
France
Le Chastel 26150 DIE
Tel
: 04 75 21 00 56
« Réseau Diois Transition Biovallée de la
Drôme »
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