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mardi 21 décembre 2010

Lutter pour les forêts , c'est lutter pour la vie

Russie: De la lutte pour la forêt à la lutte pour la démocratie


La militante écologiste Evguenia Tchirikova, le 10 novembre 2010, dans la forêt de Khimki, en Russie. Mikhail Metzel/AP/SIPA

ENVIRONNEMENT - Les écologistes russes ne baissent pas les bras devant la décision de faire passer une autoroute en pleine forêt de Khimki…

Des mois que les militants écologistes se battent pour éviter la destruction de la forêt de Khimki, entre Moscou et Saint Pétersbourg. Le projet d’autoroute reliant les deux villes passera pourtant à travers la forêt: le président russe Dmitri Medvedev a confirmé le tracé mardi, affirmant avoir examiné toutes les alternatives possibles. Fin août, le projet avait été suspendu pour procéder à une consultation publique qui, selon les opposants au projet, n’a pas été menée de manière équitable et démocratique.

Indifférence de Medvedev «envers le peuple, la loi et la corruption»

Le vice-Premier ministre Sergueï Ivanov a beau annoncer que le gouvernement consacrera quatre milliards de roubles (97 millions d'euros) afin de limiter les conséquences de la construction de cette autoroute sur l'environnement, les écologistes ne comptent pas se laisser faire: la mobilisation passe maintenant sur un terrain plus politique qu’environnemental. «Nous poursuivrons notre lutte, a déclaré Evguénia Tchirikova, militante écologiste qui a mené le mouvement de protestation. En plus, nous le ferons désormais au niveau international: nous avons déjà reçu le soutien de Stuttgart, de la Belgique et de la France. Une vaste campagne est actuellement menée contre la participation du groupe français Vinci au projet d'autoroute».
Evguénia Tchirikova a également estimé que la décision prise par le Kremlin témoignait de l'indifférence du président Medvedev «envers le peuple, la loi et la corruption». Le débat contradictoire promis par le président s’est transformé en un «semblant de consultation» selon Alexei Prokopiev, soutien français aux militants russes. «Poutine n’a pas exécuté l’ordre donné par Medvedev, les gens qui ont été entendus avaient tous intérêt à ce que l’autoroute se fasse, il y a là une lacune démocratique assez grave», observe Alexei Prokopiev.

Faire pression sur les acteurs européens et français

Le groupe français Vinci, concessionnaire de l’autoroute, est dans la ligne de mire des soutiens français aux militants russes. «Plusieurs acteurs européens, dont Vinci et la Berd (banque européenne pour la reconstruction et le développement) qui finance le projet, se sont félicités de ce passage en force. Maintenant, il faut mettre l’accent sur eux, en disant à Vinci qu’ils n’auraient pas pu faire ça en Europe et à la Berd que son rôle est de respecter la démocratie, pas de profiter de ses failles», soutient Alexei Prokopiev.
En France, une «flash mob» est organisée vendredi à Paris, tandis que les écologistes russes appellent à une manifestation à Moscou le 31 décembre. «La lutte pour la forêt est devenu une lutte pour la démocratie», conclut Alexei Prokopiev.

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