Les catastrophes naturelles portent-elles mal leur nom?
Un homme marche dans un camping inondé à la Faute-sur-Mer, après le passage de la tempête Xynthia, le 28 février 2010 Frank Perry AFP/Archives
DOCUMENTAIRE - «Des catastrophes (pas si) naturelles» retrace les erreurs humaines et les failles législatives qui ont aggravé les sinistres…
Malpasset, Vaison-la-Romaine, La Faute sur Mer. Depuis 1959, le scénario se reproduit: un événement climatique exceptionnel suivi d’une catastrophe humaine. Mais la faute est-elle entièrement à imputer à la nature? Si le changement climatique provoque des phénomènes d’une intensité de plus en plus forte, les erreurs humaines sont également responsables. C’est ce qu’a voulu illustrer François Rabaté dans le documentaire Des catastrophes (pas si) naturelles diffusé mercredi sur la chaîne Planète à 20h40.Le droit pour faire changer les comportements
Des permis de construire accordés sans tenir compte des risques d’inondation, de tempête ou d’avalanche, aux digues trop faibles pour contenir une mer déchaînée, le documentaire éclaire les failles législatives qui ont permis que les catastrophes se reproduisent. «Malgré le vote de nombreux textes, l’urbanisation, la pression foncière, la tentation de construire des logements sociaux, des centres commerciaux et des installations publiques dans des zones où le foncier était moins cher, n’ont cessé d’accroître le nombre de personnes concernées», explique Corinne Lepage, dont le documentaire suit le parcours d’avocate spécialisée dans l’environnement.Avec son mari Christian Huglo, l’ancienne ministre de l’Environnement plaide aujourd’hui pour la défense des victimes, notamment celles de la tempête Xynthia, et pour une meilleure prise en compte du principe de précaution. «Le droit est un levier formidable pour faire bouger les comportements et il est incontournable pour obtenir réparation. Le caractère exemplaire des procès est essentiel car il contraint les acteurs à changer leurs comportements», commente l’avocate.
Le manque d’anticipation créé des drames humains
Mais la loi arrive souvent trop tard: «La loi et la réglementation ont souvent procédé par à-coups, catastrophe après catastrophe, chaque nouvelle réglementation répondant à une catastrophe inédite dans son genre ou son importance», précise François Rabaté, le réalisateur du documentaire. Une difficulté à anticiper qui pousse les sinistrés à rechercher des coupables du côté des administrations.En France, près de cinq millions de personnes, soit 7% de la population, habitent ou travaillent dans des zones à risque. Avec une fréquence plus élevée d’événements climatiques extrêmes, c’est tout l’urbanisme français qui devrait être repensé pour éviter d’autres drames. A commencer par Paris, où la pourtant prévisible crue centennale de la Seine pourrait, si elle se reproduisait, engloutir des zones côtières en banlieue.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire