dimanche 1 mars 2015
Elever des chèvres poétiquement ...
ANIMAUX : Un jeune Landais propose une
alternative insolite en se
moquant de l’élevage conventionnel...
Salon de l'agriculture: Il
crée un label «poétique» pour élever ses chèvres
Dans leur box, Sheila et
Cendrillon rivalisent d’élégance: avec leurs longs poils, elles séduisent
les visiteurs du Salon de l’agriculture venus admirer les rares chèvres
présentes à la porte de Versailles (Paris 15e). Comme l’indique le panneau qui orne leur
enclos, ces chèvres des Pyrénées sont élevées selon les principes de
«l’agriculture poétique»: «Sur un territoire comme les Landes, où l’on
trouve essentiellement de la production de maïs et de canards, avoir un projet
alternatif, c’est automatiquement se faire étiqueter "le poète"»,
s’amuse Clément Baillet, jeune éleveur de 28 ans installé à Saint-Sever
(Landes). «En plus, avec des chèvres, c’est Jean de Florette!»
«Le bon sens paysan»
Pour tourner en dérision
les préjugés des agriculteurs conventionnels, Clément Baillet a donc lancé un
«label Agriculture poétique» qui repose sur «le bon sens paysan»: pas
d’utilisation de produits phytosanitaires, élevage en plein air, distribution
locale des produits et collaboration avec des prestataires locaux. «Je ne veux pas
être labellisé bio car il y a trop de déviances commerciales et industrielles
dans le bio, explique Clément Baillet. Le bio devrait promouvoir une
consommation locale et raisonnée, mais la demande croissante a fait que cette
démarche s’est industrialisée.»
Titulaire d’une licence
européenne dans le domaine de l’environnement, Clément Baillet est revenu dans
sa région d’origine pour y faire vivre des races locales comme la chèvre des
Pyrénées, mais aussi le porc gascon et les oies, «qu’il transforme en confit et
en foie gras». Fidèle aux traditions, il espère renouer avec une agriculture
qui valorise «la rusticité et l’adaptation des bêtes au milieu naturel». Les
chèvres des Pyrénées sont ainsi friandes des friches, ronces et petits arbustes
qu’elles trouvent dans leur environnement. Leur production de lait modeste, de
200 à 500 kilos par lactation, permet toutefois à l’exploitation d’être
rentable : «Avec 50 chèvres pyrénéennes, un atelier de naissance de
porcs qui compte une vingtaine de truies et les oies, je vis de mon activité,
assure Clément Baillet. Un peu de polyculture en plus et nous atteignons 70%
d’autonomie alimentaire pour notre famille.»
«Plus écologue
qu'écologiste»
Loin des «excès» de
l’agriculture conventionnelle qu’il dénonce, Clément Baillet se sent «plus
écologue qu’écologiste»: «Nous n’avons pas encore de parade à
l’agriculture industrielle. Il faut nourrir le monde et les alternatives à la
recherche effrénée du rendement ne sont pas encore au point. L’agriculture
poétique n’est pas la solution miracle mais elle propose autre chose.» Des
chèvres et des poèmes, une proposition qui pourrait relaxer les citadins
stressés de la Porte de Versailles.
Audrey Chauvet
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